Hier soir j'ai du lui couper les cheveux. En effet depuis près d'une semaine, ma femme perdait ses cheveux. Ils étaient devenus ternes, sans vie. Hier soir, elle ne se tenait plus. Sa tête lui grattait. Sa chevelure était devenue lourde... Nous avons décidé de tout lui couper. J'ai donc pris une paire de ciseaux et c'est devenu le pire moment de ma vie... J'ai du lui couper les derniers petits cheveux qui tenait sa chevelure. Ma femme a ensuite pris tout l'ensemble, l'a regardé et l'a déposé dans un sachet. Pour elle, ses cheveux étaient sacrés... Aujourd'hui, c'était le moment de vérité. Les enfants. Que vont-ils dire ? Nous leur avions parlé de cette possibilité et le matin, ils ont pris cela presque 'naturellement'. Heureusement, nous avions trouvé une perruque qui se rapprochait de sa chevelure. Elle a réussi a la porter toute la journée. Ouf, c'est déjà cela. Ce produit que l'on injecte dans ses veines, cette 'm****' a réussi en trois semaines à mettre k.o. sa chevelure. c'est honteux

Afin de pouvoir palier le fait que ma femme va perdre tous ses cheveux, nous avons décidé de faire un maquillage permanent.
Le 'grain de beauté' fait un prix spécial pour les clients ayant acheté une perruque (ce que Nad à fait).
Nous sommes passés de 400€ à 200€ pour les deux yeux. Je ne compte pas, car le principal c'est que mon petit coeur soit bien dans sa peau.
J'ai tout de même envoyé la facture à ma mutuelle, on ne sait jamais.

La semaine prochaine, nous entamons la deuxième cure. Donc rendez-vous jeudi...

Hier, nous étions invités à la communion du fils de nos amis, sur la côte d'opale.

Pas trop envie d'y aller, peur d'être malade, mais mon petit bout a pris sa décision.
Nous sommes partis pour rejoindre les amis en évitant la messe, car peut-être longue et il faisait aussi un peu froid. Et puis, le repas étant, pendant quelques heures, nous étions redevenus des personnes 'normales'.
La maladie avait disparue. De notre tête seulement. Mais ma femme, à 20h30, quand nous sommes repartis, m'a dit :

"Tu sais je n'y ai pas pensé."

C'est génial. Et je suis très heureux pour ces quelques heures de bonheur enfin trouvées depuis ces deux derniers mois.

Aujourd'hui, nous avions rendez-vous à 9h45 en hôpital de jour à la clinique. Nous sommes arrivés dans le couloir, où dans l'entre-porte, nous avons pu voir quelques dames en train de discuter de maladie, de cancer, de soin... Elles étaient perfusées et discutaient de leurs souffrances.

Nous étions pas dans l'état moral d'être dans cette pièce. L'infirmière arrive et nous dit de la suivre. Elle nous emmenne dans une chambre particulière. Je lui demande la raison et elle m'explique que c'est sur la demande de la psychologue qui nous avait rencontrés et qui souhaitait nous mettre ici car nous n'étions pas prêt à être avec d'autres malades.
Je pense qu'elle avait vu juste.
L'infirmière arrive, très gentille, et nous explique le protocole. Ma femme inquiète pour ses cheveux, lui pose la 'fameuse question'. Elle lui répond, que oui, elle les perdra tous, d'ici quelques semaines. Affolée mon petit coeur lui demande si le casque froid permet de stopper l'inévitable et là, encore une déception.
"Non, cela n'y fait rien. Vous allez ralentir la chute, mais avec le produit que nous allons vous mettre, vous allez les perdre. Je préfère vous dire la vérité, plutôt qu'un mensonge et que vous soyez en colère après moi à la prochaine cure."

C'est vrai, mais que c'est dûr à entendre.

La cure s'est prolongée jusque 15h00. Mon petit coeur n'a pas été trop malade ensuite. Quelques nausées, mais pas de vaumissement.

C'est la première fois, depuis la journée de notre mariage, en 1989, que mon 'petit coeur' entre chez le coiffeur pour elle.

Elle a voulu changer de look afin d'habituer les proches à un changement brutal. Elle a donc défrisé ces cheveux et couper une dizaine de centimètres.
Cela change mais elle est jolie comme un coeur.
Demain, cela va être différent car c'est la première cure qui débute. Elle stresse, surtout pour la perte de cheveux. J'ai demandé une journée à mon Inspecteur afin de pouvoir être avec elle.

Nous sommes allés, samedi, voir un prothésiste capillaire. Nadège voulait absolument une perruque qui soit la copie conforme de sa chevelure.
Impossible à trouver. Elle a des cheveux long et frisés. Le perruquier nous a conseillé des modèles à micropeau. Il nous a dit aussi que les modèles mi-longs lui allaient bien, mais Nadège refuse de se voir avec ce type de cheveux.

Que faire ?

Nous sommes donc parti sur Lille afin de voir un autre magasin, mais là c'est moi qui n'a pas été convaincu. Effectivement, elle a trouvé un modèle frisé, mais moi je le trouvais trop 'faux'.

Elle est fixée sur un type de cheveux. Je le sais, c'est la même chose avec les fringues...et on ne trouve jamais. J'ai peur qu'elle soit déçue.

Elle a prévu d'aller voir trois magasins sur Lens ce soir, et un sur la côte mercredi.

Aujourd'hui nous avions rendez-vous chez le chimiothérapeute afin de mettre en place la procédure de soin.
Il va falloir faire six séances de chimio avant de penser à l'opération. Il a été très gentil avec nous et il nous a bien expliqué pourquoi nous devions commencer par la chimio.

En fait, la liaison dans le sein droit de Nadège est un ensemble de trois liaisons proches l'une de l'autre. Il nous a aussi dit que le cancer était localisé et qu'il n'y avait aucun soucis concernant les autres analyses. De ce fait, la chimio permettra de réduire la tumeur pour ensuite l'enlever.
Ce qui a été difficile a entendre, c'est qu'il va devoir faire une ablation totale du sein. En effet, comme il y a plusieurs liaisons, il faut tout enlever. Il nous a dit aussi que Nadège va perdre ses cheveux. C'est si beau cheveux frisés qu'elle adore.

Je m'en veux un peu. Depuis de nombreuses années, je lui ai dit que j'aurais souhaité qu'elle ait des cheveux courts. Oui, je le voulais, mais pas cela. Je ne lui ai jamais souhaité aucun mal. Mon pauvre bébé si fragile.

Aujourd'hui, nous avions RDV à 7h45 à la polyclinique de Béthune afin de passer un examen et pour aussi mettre un cathéter.

Vers 11h00, nous sommes descendu en radio afin de pratiquer une mammographie. Celle-ci a été très douloureuse.
L'explication du médecin est que la tumeur étant relativement grosse est devenu nerveuse et des vaisseaux sanguins l'irriguent. C'est ainsi, que lors de la première mammo une douleur est apparue dans le sein et aussi dans le bras droit. Ce qui est normal, d'après le médecin.

La seconde, donc, a été pénible, suite à cette douleur qui s'installe quand l'opératrice presse la poitrine dans cette machine de barbare. Elle a souffert ma petite puce.

Elle devait ensuite faire des prélèvement sur les ganglions périphériques, mais cela n'a pas été nécessaire. Ce n'est pas un soulagement, mais une confirmation que ceux-ci étaient aussi cancéreux. Nadège est restée sur le siège dans la salle d'attente pendant que j'allais, en priant je ne sais qui ni quoi, accompagner le docteur dans son bureau.

Il m'annonce que c'est toujours localisé. Qu'il faudra faire une ablation totale du sein car, par précaution, il faut tout enlever. De mon côté, je veux que tout soit fait afin que l'on reste ensemble, qu'on n'arrive pas à un drame dans quelques temps (années). Mais mon petit ange ne l'entend pas comme cela. Elle me dit que je n'aurai plus une femme entière, qu'elle sera une demie-femme...

Je pense que le fait de perdre un sein, lui est pour elle difficile à vivre car elle ne se sent plus tout à fait une femme. Et de plus, les cheveux qui vont tomber...

Nous avons rdv mercredi avec le chimiothérapeute.

Aujourd'hui c'était son anniversaire. Elle a 43 ans. J'ai essayé pendant près de 15 jours de la décider à me donner des idées concernant des choses qu'elle voulait, mais rien n'y a fait. Hier, mercredi, j'ai réussi à lui faire dire qu'elle avait besoin d'un ensemble. Nous avons fait quelques magasins, mais n'avons rien trouvé.
Elle m'a certifié qu'elle avait une idée de ce qu'elle recherche et que nous allions continuer à faire les boutiques.

J'arrive enfin à la sortir un peu.

Pour la soirée, j'avais organisé un petit apéro 'dinatoire'. Des amis, sa soeur, mes soeurs et mes parents sont venus.

Cela lui a changé un peu les idées. A part cet idiot de beau-frère qui est venu tout gacher en parlant de la maladie,de ce qu'il fallait faire et ne pas faire. Sur terre, il y a des idiots, mais lui, il est le roi.

Ils sont partis vers 21h00. Elle est fatiguée. Nous avons couchés les enfants M. (14 ans) et F. (10 ans).

Voilà. Le jour J est arrivé.

Nous arrivons pour 17h00 et le gynécologue nous reçoit. Il nous explique, ou plutôt, nous confirme le protocole qu'il nous avait annoncé il y a quelques jours.

- Pose d'un cathéter et nouvelle ponction mammaire le 4 juin 2007.
- 6 séances de chimiothérapie : perte obligatoire des cheveux, affaiblissement, fatigue, vomissement... La joie quoi.
- Opération mammaire ensuite.

Ma femme ayant vécu les maladies de sa mère, son père et ensuite notre beau-frère se voit déjà condamnée.
"Si on fait de la chimio avant, c'est qu'on est foutu..."

Ma femme a rendez-vous à 12:00 pour un TEP. Ma mère l'accompagne jusqu'au scanner. Impossible de l'accompagner, elle doit rester immobile et seule pendant près de 3h00 afin que le produit radioactif imprègne bien tous les tissus.

Comme à son habitude, à la fin du scanner, elle se sauve sans attendre le diagnostique du médecin. Cette fois, je ne peux être là pour écouter ce qu'il a à nous annoncer. Il faudra attendre demain, chez le gynécologue, pour être au courant.

Aujourd'hui, j'ai obligé ma femme, en lui disant que je n'avais pas de maman pour m'accompagner, de venir avec moi à mon voyage de fin d'année avec mes élèves de CM2.

Nous sommes allés visiter le Blochaus d'Eperlecques et ensuite La coupole.

Je pense que cela lui a fait du bien de sortir de la maison et de son canapé dans lequel elle est restée de longues heures.

La scintigraphie est, encore une fois, une épreuve dans l'attente des résultats.

Nous avons rendez-vous à 12h30 au scanner. A 13h00, l'infirmière appelle ma femme. Elles partent toutes les deux dans une petite pièce où elle lui injecte un produit radioactif dans la veine.
"Vous pouvez partir et revenir dans deux heures.

Je trouve le prétexte de l'anniversaire de notre garçon prochainement pour l'amener au super-marché proche afin de voir les tarifs de son cadeau. Ensuite, nous repartons chez mes parents afin de prendre un café et, aussi, inconsciemment, se confier un peu.
15h00 approche, nous repartons pour le scanner.

L'opérateur vient la chercher et encore une fois elle se sauve pour ne rien entendre. Le médecin la poursuit avant qu'elle ne rejoigne le vestiaire.
"- Madame, ne vous sauvez pas.
- Je ne veux rien entendre.
- Non, je n'ai rien vu d'anormal au niveau osseux. Vous avez simplement une scoliose, mais rien au niveau des os. Rassurez-vous."

Pour une fois, c'est ma femme qui m'annonce une 'bonne' nouvelle.

Rien d'anormale dans cette prise de sang. Donc pas de cellule cancéreuse.

Nous sommes un peu rassurés sur ce sujet.

Nadège profite de la présence de l'infirmière, qui fait ses soins pour le pansement au front, pour lui demander de faire la prise de sang.

Encore une épreuve. Pas la prise de sang, mais les résultats. Savoir s'il contient des cellules cancéreuses.

Encore une montée de stress pour nous deux.